Archives de avril, 2020

Une analyse d’un ami girondin que je vous fais partager sans délais:

R E S I S T A N C E

Le 11 novembre 1943 le gouvernement Pétain interdit au peuple de France toutes cérémonies commémoratives de l’Armistice de 1918. Or la résistance intérieure française et le maquis de l’Ain et du Haut Jura organisent un défilé dans les rues d’Oyonnax, en zone occupée.

Cet acte de bravoure est dû aux chefs de maquis de l’Ain et du Haut Jura qui décident de passer outre l’interdiction. Le maquis subira des représailles, le maire et ses adjoints seront fusillés.

Aujourd’hui, le peuple de France se voit pris sous la férule du capitalisme ultra libéral et mondialisé, si bien représenté par Macron et ses sbires ainsi que sous la menace plus que mortelle du COVID19.

Est-ce le CORONA VIRUS qui entraîne le CRACH boursier, ou bien le CRACH boursier qui fait que l’on nous confine au nom du CORONA Virus ?

Après cette question, il semblerait facile pour certains de considérer cet article comme un article complotiste, mais non ! et pour preuve : c’est Alexandre Adler ce journaliste qui après avoir mangé dans toutes les gamelles de la gauche mais aussi à celles de la droite, lui qui est un sioniste convaincu, mais aussi un européiste et un atlantiste tout aussi convaincu, celui-ci présente un livre paru en 2008 chez Robert Laffont « Le nouveau rapport de la C.I.A. Comment sera le monde en 2025 ».

page 240 :

« déclenchement d’une pandémie mondiale… l’apparition d’une nouvelle maladie respiratoire virulente extrêmement contagieuse pour laquelle il n’existe pas de traitement adéquat pourrait déclencher une pandémie mondiale… les experts voient dans les souches hautement pathogènes de la grippe aviaire telles que le H5N1 des candidats probables à ce titre de transformation mais d’autres agents pathogènes comme le corona virus du SRAS et diverses souches de la grippe auraient les mêmes propriétés, si une pandémie se déclare ce sera dans une zone à forte densité humaine et animale… »

Revenons à Macron et ses sbires :

Le ministère de l’Intérieur a entériné de nouvelles commandes massives : 10 000 grenades de désencerclement par an, qui s’ajoutent aux centaines de lanceurs de balles de défense (LBD) achetés en fin d’année dernière. Plus étonnant, la place Beauvau a acheté 25 millions de cartouches de fusils d’assaut pour les quatre prochaines années.
Le ministère de l’Intérieur ne cesse d’étoffer son stock d’armes, non létales comme létales. Il avait déjà passé commande, le 23 décembre dernier, de 1280 nouveaux « lanceurs mono-coup » type LBD, principalement pour la gendarmerie, et de 450 LBD semi-automatiques – des « lanceurs multi-coups » (LMC) pour les policiers. La place Beauvau vient successivement d’acheter 40 000 nouvelles grenades à main de désencerclement (GMD) à effet assourdissant, et de lancer un appel d’offres visant à acquérir, sur les quatre prochaines années, 25 millions de… cartouches de fusil d’assaut pour une valeur estimée à 11 millions d’euros.

par Jean-Marc Manach 12 juin 2019
https://www.bastamag.net/Beauvau-Castaner-violences-policieres-fusils-d-assaut-LBD-grenades-blesses-mutiles-gilets-jaunes

le roi

Voici un homme pour qui l’argent se jette par les fenêtres et pour qui il est plus facile d’acheter de l’armement pour réprimer le peuple : gilets jaunes, gilets rouges, syndicalistes, étudiants, lycéens, collégiens, mais surtout comme nous l’avons vu pendant les mois de luttes des personnels soignants des hôpitaux publics ainsi que la lutte des pompiers.

Le trio infernal de la répression Macron/Philippe/Castaner en rajoute une couche de plus et leur actif est bien lourd : l’avis n°20-51423 paru dans le bulletin officiel des annonces des marchés publics et diffusé en date du 15 avril 2020 démontre qu’il est plus facile pour ce gouvernement d’investir dans 651 drones qui seront chargés de la surveillance de façon à bien museler les Français, que de fournir des masques aux soignants et à la population dans son ensemble ainsi que du gel hydroalcoolique, d’approvisionner les hôpitaux de façon à protéger les personnels tellement exemplaires que le gouvernement en oublie la dure répression qu’ils subirent par les forces de l’ordre au nom de la macronie, alors que leurs revendications étaient celles d’obtenir de véritables moyens de fonctionner soit tout ce qui leur manque depuis des années.

Oublier les gouvernements précédents dans la course à l’échalote pour la destruction des services publics et en particulier pour le service public hospitalier. Ce sont 100000
lits qui ont été supprimés en 10 ans.

Alors plus que jamais R E S I S T A N C E et de rappeler à ce gouvernement que le peuple de France se battra jusqu’au bout pour cet idéal démocratique qui nous anime depuis 1789, contre les ordonnances qui cassent définitivement le code du travail et on sait que jamais on ne revient sur des mesures prises dans l’urgence et qu’il n’est pas question d’imposer l’austérité, alors gare : les Gilets Jaunes, les Gilets Rouges et bien d’autres seront là pour vous rappeler que nos droits et nos vies valent plus que vos profits.

R E S I S T AN C E   R E S I S T AN C E    R E S I S T AN C E       R E S I S T AN C E


Qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui…. Résister c’est lutter !

Des actes de résistance tels que celui du 11/11/1943 peuvent être réédités à tout moment.Les résistants d’alors avaient bravés les interdits du gouvernement de Vichy.Alors, tout est possible, tout est imaginable. Ce gouvernement pas plus que coronavirus ne sont pas plus terrible que la milice, que l’armée d’occupation de l’époque, Macron et ses sbires ne sont pas plus effrayant que le gouvernement fasciste et collaborationniste de l’époque.

Alors, résistons.

louise micheldarmanin

 

 

 

Le Ministre de l’Action et des Comptes Publics a lancé un appel aux dons pour soutenir les entreprises en difficulté dans un contexte de crise qui s’annonce profonde et durable. Cet appel est étonnant et révélateur. Étonnant car il privilégie une forme de financement par nature instable et temporaire, qui plonge ses racines dans la charité et repose sur le bon vouloir de quelques-un·e·s. Révélateur en ce qu’il montre

le manque de volonté politique de faire payer à chacun sa juste part d’impôt.

Il existe cependant un moyen efficace de financer durablement les solidarités et de permettre à l’Etat de redistribuer les richesses : la fiscalité.

De ce point de vue, il est certain que les réformes fiscales du gouvernement auront largement contribué à affaiblir les politiques publiques et à nourrir le sentiment d’injustice fiscale. Rappelons pour mémoire que la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, la mise en œuvre du prélèvement forfaitaire unique et la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière auront créé, toutes choses étant égales par ailleurs, un manque à gagner annuel global d’au moins 7 à 10 milliards d’euros par an selon les différentes estimations disponibles.

Emmanuel Macron a annoncé « des mesures de rupture » pour l’avenir. L’appel aux dons n’en constitue pas une. Une véritable « rupture » consisterait à engager une réforme de fond pour garantir une réelle progressivité de notre système fiscal, qui pèse lourdement sur l’immense majorité des ménages et des PME, et particulièrement sur les femmes.

Le programme de l’avenir en commun de la France Insoumise a depuis longtemps préconisé les mesures adéquates pour assurer  LA justice sociale que réclament tant de français.

Les atermoiements coupables et complices de ce gouvernement fait gravement régresser notre pays dans une situation proche de celles des « pays dits en voie de développement » et qui ne se développent pas pour cause de corruption et de gâchis socio économique.

Vivement les prochaines élections pour que nous puissions (je l’espère) virer cette engeance de la gestion du pays !

 

 

 

Encore une journée de travail finie. Enfin week-end ! 
Encore une journée où tu rentres chez toi en te demandant si dans 15 jours ou 3 semaines tu ne vas pas crever comme une mer*# à l’hôpital devant des soignants à bout et sans avoir eu le temps d’organiser un loto pour savoir lequel de tes proches aura le droit de venir te voir sur ton lit de mort.
Parce que les équipements de protections coûtent plus cher et sont plus rares que le litre de pétrole. Tu ne peux compter que sur la distanciation quand elle est possible et un point d’eau et du savon pour rêver à tes vacances estivales de plus en plus hypothétiques.
Encore une journée où comme tous les jours en allant ou en sortant du boulot tu vois une somme considérable de connards probablement consanguins (ça le laisse à penser) se promener à 6 pour sortir le chien (véridique), une famille au complet (5) entrer au supermarché avec le gosse dans le caddie qui lèche la barre (véridique), d’autres (4) certainement finis a l’urine qui squattent au milieu du rayon pour demander des nouvelles de Tata Simone ou de l’oncle Arthur a qui ces mêmes trous de balle ne rendent peut être jamais visite (vous pouvez pas vous téléphoner ou vous envoyer des pigeons ? 🤬).
Et comment ne pas vous parler de l’individu mono neuronal qui juge vital pour la nation que sa caisse soit propre ? Si si !
Et j’en ai vu d’autres, bien d’autres.
Je n’ai pas trouvé de statut Facebook « en furie » alors je suis seulement « très en colère » contre ces abruti(e)s finis qui,  parfois, eux ont des masques. Mon taux d’énervement dépasse le seuil critique et l’envie de mettre des baffes m’effleure parfois.
Voir le quidam se promener SEUL dehors m’est égal mais pour les autres, celles et ceux qui se comportent comme je viens de vous le décrire, pour eux il faudrait presque envisager des poursuites pénales pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Il me semble que les 4 critères de recevabilité ne sont tout de même pas loin.
Je vais conclure parce que je pourrais vous écrire ma colère contre tout ces décérébrés dans une encyclopédie en trois volumes.
Alors pour celles et ceux (de mes contacts ou non d’ailleurs je m’en cogne) qui se reconnaîtraient dans les situations et comportement que j’ai dénoncé plus haut et qui seraient fâchés par mes injures, sachez une chose :  comme dirait le célèbre philosophe et footballeur Éric Cantona « je vous pisse au …l  !
Bref, sinon ça va pour l’instant il semble que je sois encore en voie à me réveiller demain pour profiter du soleil….. sur mes 2m² de Loggia (en gros c’est un balcon mais quand tu dis « Loggia » ça claque plus 😁).
À défaut de pouvoir retourner voir la femme que j’aime, confinée pas loin de chez moi mais que je tiens à protéger(v’la que je vous raconte ma vie maintenant c’est nouveau), je retourne à ma bière, parce-que tant qu’il y a de la bière il y a de la vie. (Mais si mais si il y a bien un dicton qui dis ça non ?) Prenez soin de vous, soyez responsables et aimons nous les uns les autres bordel de merde ! ( il en fallait bien une dernière, ça ne change rien mais ça soulage)  « 
Fabrice
Lettre ouverte d’une enseignante à Macron, Blanquer et au MEDEF

Parue sur médiapart qui nous semble significative et remarquable: 

Après l’annonce de réouverture des écoles, cette lettre s’adresse aux oligarques irresponsables qui ont désigné la nouvelle chair à virus.

 

Ce matin, j’arpente la maison avec un sentiment détestable. C’est une boule dans la gorge, un amas de fer en fusion au cœur de ma poitrine, une brûlure acide sur les yeux. Ce sont des tremblements, un souffle court, un cyclone de pensées qui se déchaîne dans mon crâne. Je repense au mardi 17 mars.

Ce jour là, je me réveille à sept heures et je me prépare à aller à l’école, accueillir les enfants de soignants. Le confinement a été décrété le jeudi d’avant. Depuis, je suis sur des charbons ardents, ne dormant que quelques heures par nuit, tâchant de garder la tête froide au milieu des quinze injonctions contradictoires que je reçois chaque jour depuis, tâchant de mettre en place un semblant d’organisation dans cette débâcle, dans le fait que notre chère Institution nous livre à nous-mêmes. Les collègues, les parents, tout le monde attend que je gère le bordel, que je donne des consignes, alors que moi, je ne sais pas ce que je suis censée mettre en place. Rien ne fonctionne, les serveurs craquent, rien n’est prêt. Tout ce que l’Institution parvient à faire, c’est bombarder la boîte mail de l’école d’ordres flous, inapplicables voire irresponsables, pour envoyer un contre-ordre une heure après alors que j’ai déjà appelé tout le monde, couru partout pour mettre en place des choses. Au milieu de la tempête, chaque membre de l’équipe est à son poste, répond présent.e, tient la barre et la marée.

L’école n’a pas été désinfectée durant le weekend, tout le monde est parti, ahuri par l’annonce de la fermeture alors que le Sinistre de l’Education Nationale avait dit le jeudi matin que les écoles ne fermeraient pas. Des mensonges, encore et toujours. On était sonné.e.s. N’empêche, depuis le retour des vacances de février, on regardait tous ce qui se passait en Espagne, en Italie, on ne comprenait pas pourquoi nous, on gardait les écoles ouvertes. On attendait la fermeture. On a quand même laissé les gamins grouiller dans les écoles pendant quinze jours après les vacances d’hiver. Certains revenait de Savoie, d’Italie… Un collègue aussi.

C’est mardi. Il est huit heures. Tout le monde doit rester chez soi et moi, je monte sur mon vélo, comme d’habitude.

Non, ce n’est pas comme d’habitude, il n’y a aucune voiture dans les rues, mes jambes sont en plomb. Quand je vais arriver, je ne vais pas retrouver avec plaisir mes collègues et pas seulement mes collègues enseignant.e.s de la fine équipe mais aussi F., l’AVS, C., la femme de ménage, D. et L. les « filles de la cantine », A., N., Q., M., L., S et tous les autres anim’s, tous les adultes qui transmettent, écoutent, soignent les bobos physiques ou les blessures du cœur, encouragent, disputent, recadrent, expliquent, bref, toutes celles et ceux qui contribuent à faire grandir des minots de 6 à 11 ans.

A toutes les raclures de bidet de l’Etat qui utilisent, dans leur novlangue bêtifiante, le mot « accueil » à tout bout de champ : non, saloperies de peignes-cul, on n’accueille pas à l’école. On accompagne, on apprend aux élèves, on apprend avec eux/elles, on aide, on contribue à ce que le/la futur.e adulte qui est en face de nous devienne lui ou elle, on espère former des esprits libres, capables de faire des choix raisonnés, d’avoir suffisamment de confiance en eux/elles pour choisir leur voie, pour en changer pourquoi pas, pour vivre leur vie et l’aimer et pour s’opposer. Nous ne formons pas des petits soldats, nous tâchons de favoriser l’envol d’esprits libres. Nous tâchons de garantir chaque jour tout cela avec une boussole permanente : la sécurité physique, morale et affective de chacun.e, adulte ou élève.

Nous construisons une petite société, dans la classe, dans l’école. On sait que le plat préféré de M., ce sont les lasagnes avec des boulettes de viande et qu’elle aime que chaque chose soit à sa place, on sait qu’E., derrière son allure de « caillera » est un garçon intelligent, motivé qui doit simplement apprendre à canaliser à bon escient son mental de compétiteur, on sait que M. va être très déçu ne pas pouvoir faire l’échange avec les élèves de latin-grec de 5è du collège, on sait qu’I. aura sans doute décroché à la reprise mais qu’on sera là, les élèves et moi, toute l’équipe des CM1-CM2 « Poudlard », pour l’aider à remonter sur le bateau.

Nous ne faisons pas un simple « accueil », petits protozoaires de carnaval !

Alors non, ce mardi 17 mars, ce n’est pas comme d’habitude. Je me rends à l’école pour « accueillir » : traduction, pour faire de la garderie auprès d’enfants que je connais, dont un qui est mon élève. La masse dans ma poitrine devient plus lourde à mesure que j’avance sur le boulevard et puis, d’un coup, je ne peux plus bouger. Je tremble de tous mes membres et un torrent de larmes me monte aux yeux. Pour la première fois de ma vie, je me rends sur mon lieu de travail avec une nouvelle compagne : la terreur. Le bâtiment, déjà glauque d’habitude, dégage une aura de château hanté. La maman de G. et A. est déjà là, mon collègue B. discute gentiment avec elle au portail et récupère les loulous. On se regarde, on tâche toutes les deux de cacher nos mines décrépites.

Je sais qu’à partir du moment où je vais franchir le seuil de la porte, je ne serai plus protégée, les élèves non plus, mes collègues non plus, c’est terrible, c’est l’antithèse de mon postulat quotidien. Pendant toute la journée, nous allons « occuper » au mieux les élèves qui sont redevenus des enfants. Pendant toute la journée, je ne vais plus voir mon petit G. comme l’élève sérieux, espiègle et sympathique que je connais mais comme un danger potentiel. Je vais me maîtriser toute la journée, poker face, tâchant de rassurer les pauvres pitchous qui n’ont rien demandé, de leur sourire et, en même temps, de me reculer à chaque fois qu’ils font un pas vers moi. Je vais répondre aux appels de dix parents dans un sentiment d’impuissance. Je vais rester la plus stoïque possible en écoutant le père de N., infirmier en réa, me hurler littéralement dessus, devant A. et G. qui me regardent avec leurs grands yeux. Je vais raccrocher en leur disant, sans en penser un mot, qu’ils ne faut pas qu’ils s’inquiètent, que tout va bien. Je leur mens. J’ai le cœur déchiré.

Au quotidien, les élèves sont toujours ma planche de salut, l’école mon sanctuaire. Ce mardi 17 mars, tout s’écroule. Le monde extérieur, celui de l’absurdité des adultes, a envahi notre royaume, franchi les murailles qui ne nous protègent plus. Je rentre dans ma salle de classe, je regarde les tables, les chaises, les craies, les livres, les cahiers, les jeux, les tapis, les poignées de porte, les ordinateurs, je vois les petites mains de mes 25 élèves parcourir tout ça, je vois le COVID danser joyeusement là où nous nous tenions tous.tes, insouciant.e.s, il y a seulement quelques jours. Je regarde G. et A. et je vois des nids à microbes. Bien sûr, j’ai déjà ramené à la maison des virus « école », bien carabinés, mais là, là, quelque chose se fissure.

Je me regarde dans un miroir du Riséd, je me vois dans ma classe entourée par mes élèves, souriant.e.s, prêt.e.s à en découdre avec le reste du programme de grammaire, motivé.e.s, s’encourageant les un.e.s les autres. Le miroir se fissure, la fêlure grandit, s’élargit puis le verre craque, s’effondre et se brise sur le sol, en mille morceaux.

Au quotidien, les élèves sont ma planche de salut, ma classe, ma République de Platon. Après un moment difficile, le recueil du témoignage d’un élève battu, agressé, violé, après un entretien avec un parent d’élève agressif qui a confondu les mots directrice et punching-ball, après la découverte de nouvelles crasses d’un collègue malfaisant, après un gros coup de baisse de moral, un sentiment de vider l’océan avec une petite cuillère, après parfois quelques pleurs derrière la cantine et une accolade pleine de soutien de D., la cheffe de la « restau », je me dis que je n’aurai pas la force de terminer la journée.

Puis je pense à mes élèves, je pense à A. qui va venir me demander sa ceinture de mesures avec une politesse, une déférence et un respect qui pourraient servir d’exemple à tous les adultes du monde ; je pense à J. auprès de qui je vais encore devoir déployer des trésors de théâtralité pour qu’elle parvienne à s’exprimer devant le groupe classe en dépassant les trois décibels ; je pense à F. qui va encore faire l’imbécile en montant les escaliers parce qu’il ne peut pas s’empêcher d’en faire une mais qui va me lancer un grand sourire pseudo-désolé dès que je l’aurai interpellé avec une fausse-grosse voix-fachée-surjouée, je rirai intérieurement en pensant « qu’il sait quand même y faire, ce que petit con ! ». Je pense à nos conseils de classe où il y a toujours quelqu’un pour adresser ses remerciements, ses félicitations, ses encouragements aux autres, parfois à moi aussi. Je pense à nos conseils de délégués, ces moments magiques où enseignant.e.s, anim’s et élèves discutent de la vie de l’école, prennent des décisions, ensemble, pour améliorer le quotidien. Je pense à N. qui est un peu perdu sur les divisions posées mais qui aura le déclic, j’en suis sûre. Je pense à cette pépite collective, cette joie mutuelle, ce trésor commun que nous partagerons quand viendra le son du « ça y est maîtresse, j’ai compris !! ».

A tous les relents de pets du gouvernement et du patronat : je suis enseignante pour cette relation, pour ces relations. Je ne suis pas enseignante pour voir mes élèves comme des dangers dont il faudrait se préserver. Je ne suis pas enseignante pour permettre au MEDEF de continuer la gabegie, pour continuer à engraisser les actionnaires qui n’ont renoncé ni aux dividendes, ni à l’ISF, dans ce bel effort national qu’on exige de tous les gueux et surtout des gueuses parce que, comme l’a dit la grande dame Taubira, c’est une bande de femmes qui tient le pays actuellement. Je ne suis pas enseignante pour que les parents puissent être libérés de leurs enfants simplement pour pouvoir redevenir corvéables. Je ne suis pas enseignante pour l’économie, je suis enseignante pour des valeurs non marchandes, toutes ces choses incompréhensibles, inaccessibles à votre tête d’ectoplasmes et à votre cœur de pierre. Ce mardi 17 mars, pour garantir « l’accueil », j’ai ressenti des sentiments que je ne veux plus avoir à ressentir à l’école : la terreur absolue et le mensonge.

Hier soir, le paltoquet qui nous sert de Président et ce matin, l’Oncle Fétide de l’Education Nationale, ont annoncé, dans une arrogance crasse, que les crèches, les écoles, collèges et lycées seraient rouverts le 11 mai, soi-disant pour palier aux inégalités qui se creusent trop avec l’enseignement à distance. Ah ! « l’enseignement à distance », encore une belle expression orwellienne ! On n’enseigne pas « à distance », enseigner, c’est une relation, des interactions, des échanges, de la construction collective. Tout ce qu’on fait, depuis le 16 mars avec les élèves, avec les familles, c’est maintenir bon an mal an, un lien humain, tout simplement, sans prétention scolaire.

Tout le monde l’a bien compris. Les parents les premiers d’ailleurs ! Parents qui ne sont pas les sombres imbéciles que vous prenez régulièrement pour des veaux. Ils ont bien entendu, comme nous, la petite musique de votre manège désenchanté. C’est peut-être d’ailleurs la plus belle chose qui sortira de ce confinement : le lien direct qui a été rétabli entre les profs en les parents. On se dit franchement les choses, d’humain à humain. Il n’y a plus le Sinistros du Ministère pour creuser des douves entre nous, derrière les injonctions de programme, les petits livres orange pour nous ordonner de faire classe de telle ou telle manière tellement nous sommes trop cons et incapables. Depuis le premier jour, l’immense majorité des parents nous remercient de ne pas leur mettre la pression, de faire de notre mieux, nous soutiennent, prennent de nos nouvelles, partagent avec nous leur détresse. Un élan inattendu et formidable s’est déclenché, résumé par ces mots : « merci pour ce que vous faites ». Je ne veux pas qu’on déroule un tapis rouge, je suis simplement reconnaissante que les familles nous voient enfin comme des humains avec nos forces et nos faiblesses.

Je suis reconnaissante que les familles épuisées qui nous envoient des vidéos humoristiques de parents en détresse avec le message « chapeau aux enseignants, je me suis reconnue ! » aient compris, tout simplement, pourquoi nous avons choisi de faire ce métier. Car oui, enseigner est un métier et là où elles/eux sont à bout, nous le sommes aussi parfois mais nous ressentons toujours la joie de retrouver nos élèves, nous faisons de notre mieux au milieu de l’océan des tâches multiples à gérer. Peut-être que les manifestations contre la réforme des retraites qui nous enlevait jusqu’à 600 euros de pension par mois seront mieux comprises. Peut-être que les suicides des collègues seront interprétés comme ce qu’ils sont : non pas un craquage personnel mais une agression professionnelle.

Il n’y aura, le 11 mai, comme aujourd’hui, ni masques, ni gants, ni gel, ni suffisamment de savon, de lavabos pour garantir une sécurité sanitaire. Et puis, comment attendre d’enfants de crèche et de primaire, même de collège, le respect des normes de sécurité ? C’est impossible, tout le monde le sait. C’est impossible en classe, c’est impossible en faisant circuler les élèves, c’est impossible dans la cour, c’est impossible à la cantine, c’est impossible pendant les activités périscolaires. Nous reprendrions en expliquant aux enfants qui ne se seront pas vus pendant deux mois, aux adultes qu’il ne faudra ni s’approcher, ni se toucher. Il faudrait naviguer au milieu des couloirs, toucher les poignées de porte, il faudrait corriger les cahiers, les fiches de travail, il faudrait s’interdire de donner une petite tape d’encouragement dans le dos à C. avec un petit sourire « courage ! », il faudrait faire quoi ?

Il faudrait envoyer sciemment tout le monde à l’abattoir. Les soignants n’ont pas assez de masques, de blouses. A l’école, les adultes (enseignant.e.s, personnel municipal), les enfants n’en auront pas davantage. Quand bien même, comment faire porter un masque à un enfant de 6 ans, de 7 ans, de 11 ans, de maternelle, de crèche ? Le COVID, se frottant bien les antennes, va s’en donner à cœur joie, nous allons potentiellement tous ramener cette saloperie chez nous puisque qu’aucune personne asymptomatique ne sera diagnostiquée : les enfants à leurs parents, nous à nos proches qui n’ont rien demandé, qui ont juste le malheur de vivre avec quelqu’un qui travaille dans une école.

L’Oncle Fétide balançait sa petite ritournelle de l’incompétence en expliquant ce matin que la rentrée se ferait par petits groupes, avec du travail individualisé, blablabla… Ce n’est pas l’enseignement qui reprend, c’est, comme d’habitude, la grande garderie gratuite nationale. Pour un mois d’école restante, les personnels de l’école et leur famille, les élèves de l’école et leur famille, vont passer en ligue 1 ! La première ligne, le rêve… Le calcul économique avant la santé, avant la sécurité, avant le respect.

Alors, Chiassident, Sinistres et Raclunat, vos remerciements avec les larmes de crocodile au coin des yeux, vos sorties patriotiques de foutriquets, vos violons désaccordés chantant faussement l’héroïsme des services publics et des petites mains gilets jaunes que vous avez méthodiquement salopés au cours des années précédentes, vous pouvez vous les carrer bien profond dans l’oignon. Ce que nous avons tous.tes compris, derrière vos « j’ai changé » putréfiés, c’est que l’argent, pour vous, passera toujours avant les gens.

Pendant que les actionnaires continuent à percevoir les dividendes, que vous en profitez pour déchiqueter ce qu’il reste du code du travail, pendant que vous préparez le fameux « jour d’après » dans la santé en accélérant encore plus la privatisation, pendant que le MEDEF donne des ordres, pendant que le mot « PRODUIRE » alimente tous vos discours rances, le pays ne tient que par l’abnégation du terrain, que par la créativité et l’investissement de toutes celles et ceux que vous méprisez depuis vos salons dorés. La chair à virus, le 11 mai, ce sera aussi ces fainéants de profs qui ne sont même pas foutu.e.s d’aller cueillir des fraises, ce sera les élèves, ce sera nos familles (parents et personnels des écoles).

J’espère que votre sale engeance s’étouffera avec ses billets et ses lingots, quand vous aurez tout détruit, qu’il ne restera plus rien. Au fait, bande de coprophages, le premier mort officiel du COVID en France avait 60 ans et il était… enseignant. Je vous vomis, ordures de résidus de bouse.

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Par ces temps incertains, où le dilettantisme coupable et l’incompétence de nos gouvernants sont flagrants, il nous a semblé important d’apporter nos témoignages sur cette époque qui n’a rien d’épique !

. L’intervention de notre Capitaine de guerre (?!) m’a laissée à la fois triste et très en colère. Je pense que j’ai fait preuve d’une grande naïveté en espérant une ébauche de changement de Cap. D’ une sortie même très minime ( et bien sûr provisoire) de sa gestion libérale meurtrière de la Pandémie. Un mois supplémentaire de Confinement pour continuer à soulager l’hôpital Public meurtri comme jamais sous l’ère MACRON. C’est plus que nécessaire pour assurer une prise en charge optimale des nouveaux malades à venir. Mais le 11 Mai quant sera-t-il des masques et des tests qui devraient être depuis longtemps généralisés ?? Ils ne le seront pas parce qu’il me semble que MACRON continue de porter son choix pour l’immunité collective sans bien entendu l’évoquer. Après avoir sacrifié nos aînés en EPHAD, il réitère par une  mise en danger des enfants et des enseignants. Après le début d’un conditionnement médiatique aux ordres pour légitimer la Casse du Code du travail, il vient désormais mettre en pratique le délitement de notre société.

Il pense qu’en remettant les enfants en classe, ces « fainéants et ces Riens » vont pouvoir retourner travailler…toujours sans protection pour le plus grand profit des exploiteurs qu’il sert.

Ou « en même temps » comment attendre une deuxième vague de la pandémie dans l’indifférence ??

Alors je vous avoue que la fabrication artisanale de masques (que je continue à faire et distribuer autour de moi) a eu ses limites. Mes Collègues de travail ont été mutés d’office à l’Unité de Proximité de Villiers -Saint-Denis. Le management maltraitant n’a jamais été aussi virulent et les effets du Confinement le sont tout autant pour les patients. J’ ai donc fait le choix de reprendre partiellement mon activité de psychologue pour les aider à supporter au mieux tout ce bazar mortifère. En attendant bien entendu de pouvoir reprendre nos actions communes de Résistance Locale à tous ces soutiens cachés de E.Macron, l’action me manquent beaucoup. Comme vous le voyez, je me protège.

Prenez bien soin de vous.. A très bientôt.

Amitiés

Isabelle Lambert

D’autres interventions:

Je ne m’attendais pas à grand chose de Macron et,  comme prévu, ça n’a été qu’une opération de com, du cinéma.…oui, des caresses pour la 1ere ligne et rien sur le comment du déconfinement. La prolongation d’un mois de confinement avait déjà fuité la veille…pas de surprise. Le seul truc que j’ai retenu, concernant le festival d’Avignon. C’est effectivement un événement phare très important, attendu par des milliers d’artistes et techniciens, concernant leur carrière et leurs revenus. C’est indéniable. Mais je veux ouvrir une parenthèse sur le caractère particulier de ce festival. En premier lieu, sa longueur, il s’étend sur 4 semaines. Ensuite son importante fréquentation: 700 000 visiteurs sur la durée du festival qui viennent du monde entier: de nombreux pays d’Europe, évidemment, mais aussi Orient (Japon, Chine…), Etats Unis, Amérique du Sud, Afrique.…En considérant ces infos, nous comprenons facilement que la tenue du festival puisse être un réel danger pour la propagation du virus…et donc, plutôt que de tenir le festival dans des conditions ubuesques de règles sanitaires et dans une baisse certaine de la fréquentation voire importante, mieux vaut l’annuler…..

Eric

Pour revenir sur le discours de Macron il s’est présenté en commentateur de la crise, ce qui exclut toute responsabilité!!!!
De plus, en observant son discours, paroles avec ton clair et appuyé en début de phrase quand il commente une situation et ton feutré et voix descendante en fin de phrase là où on attend une envolée porteuse et une action claire !! On termine les phrases par un lieu commun avec ton descendant, ce qui indique son manque d’adhésion au discours ou ses mensonges.
Peu de choses claires, de plan d’action précis, de réquisitions, de chiffres et de dates précises pour la délivrance des masques ou des tests, des traitements… Donc, ça craint !!!
Odile
Il fut donc muet sur le « qui » et le « comment » du déconfinement,  questions pourtant cruciales pour sortir et mieux de ce désastre sanitaire. 
Quant à l’exercice de style , sa virtuosité à faire d’un mea culpa l’affaire de tous, quand bien même l’Etat en est le seul responsable, révèle  quand même un stratège qui joue en orfèvre de la psychologie de masse. On sent bien aussi derrière les mots et sous le message final d’espoir, la nécessité pour lui d’une relance rapide de cette économie productiviste dont nous ne voulons plus, la peur d’une fracture réelle avec le surgissement d’un autre modèle sociétal, et la frayeur d’une contestation universitaire (on rouvre écoles, collèges et lycées mais pas les facs ! Bizarre, non ?) 

Enfin, le mensonge d’Etat a été d’une telle ampleur que ces aveux de sincérité sur les erreurs commises, comment peut-on y croire sérieusement ? Ceux « qui ne sont rien » auront bien du mal à adhérer à ce déploiement de compassion bien trop surjouée à nos yeux et à nos oreilles… 

Noël